Léo : en blanc Corentin : en gris
« Mesdames messieurs, bonsoir,
Bonsoir et bienvenue à GEM M. Faber.
– Vous êtes né le 26 décembre 1964 à Boulogne-Billancourt, vous êtes diplômé de l’ESSEC et de Harvard Business School. Vous avez été directeur marketing chez Danone avant d’en devenir le PDG. Vous vous appelez … Antoine Bernard de Saint-Affrique. (regarde l’écran projeté).
Je crois que je me suis trompé de fiche de PDG. Ça c’est le… NOUVEAU pdg de Danone. Faut dire, dans le genre classique PDG, sa bio n’était pas franchement marrante ou palpitante. Espérons que la vôtre le soit un peu plus.
– Léo enfin, refreine un peu ta passion pour les PDG. Bon Reprenons, Vous êtes né le 22 janvier 1964, dans notre chère ville grenobloise, une ville entourée de montagnes et une source d’inspiration à en croire votre livre. Difficile de résumer brièvement votre parcours, aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Un parcours brillant, puisqu’en 1986, vous sortez (hum hum) d’HEC.
– Niveau palpitant je crois que c’est râpé…
– PFF… Attends Léo, on a quand même à faire à un alpiniste chevronné ! Ce qui ne vous a pas empêché de mener une longue et riche carrière, mais ce que notre auditoire a particulièrement retenu, c’est votre expérience à vendre des yaourts au bifidus acti-regularis. Plus sérieusement dès 1997, vous devenez numéro deux de Danone, en tant que directeur financier, puis Directeur général en 2014 et enfin Président Directeur Général en 2017.
– Ah beh, c’est vos parents qui devaient être contents.
– En 2020, en partie grâce à vous, l’entreprise prend un tournant et devient Société à Mission. Malgré des chiffres encourageants, la crise sanitaire à raison de votre poste et en 2021 l’entreprise vous remercie après 25 ans de bons et loyaux services. Vous rejoignez fin 2021 le fonds d’investissement à impact Astanor Ventures et devenez président d’International Sustainability Standards Board.
– Vous intégrez en 2021 le Club de Rome mais impossible d’entrevoir la signification du nom de votre poste. Mais aujourd’hui, vous ne passez pas un entretien d’embauche, et nous ne sommes pas là pour décrire votre CV. Parlons plutôt de l’homme qui se cache derrière ces intitulés, plus prestigieux, les uns que les autres. Durant la cérémonie de remise des diplômes d’HEC en 2016, on apprend que votre défunt frère, atteint de schizophrénie lourde, a marqué votre vie. Et c’est bien « ouvrir une voie », d’ailleurs titre de votre dernier livre, que votre frère a insufflé chez vous ou du moins qu’il a empêché de refermer. Cette voie qui vous appelait chaque jour et laissait sur votre répondeur téléphonique les paroles d’un homme encore connecté à la nature, à la société et à votre environnement natal, alors que vous étiez affairé, à la table des plus grands PDG. « Ouvrir une voie » car il vous a rapproché de la pauvreté, de ces employés matinaux qui font marcher nos sociétés (éboueurs, femmes de ménage, conducteurs de tramway et j’en passe…).
– Votre frère vous a appris à ouvrir les yeux, quand votre fonction vous éloignait de la réalité, vous avez dormi dans des bidonvilles, vous avez continuez votre passion pour l’escalade. Et c’est peut-être ça, cette ouverture qui vous différencie de Antoine Bernard de Saint-Affrique, et qui rend votre bio et votre discours un peu plus palpitant, qui fait de vous une personne engagée, une personne qui n’a pas PEUR d’encourager à raffistoler sa doudoune sur twitter au lieu d’en racheter une autre pour le Black Friday.
– Corentin un peu de sérieux s’il te plaît ! Vous êtes en effet un homme engagé, et cet engagement qui vous fait dire dans ce même discours à HEC, que « désormais, après ces décennies de croissance, l’enjeu de l’économie, l’enjeu de la globalisation, c’est la justice sociale, sans justice sociale il n’y aura plus d’économie ». Après vous avez switché en anglais je n’ai plus compris.
– Sur la même lancée, cette année, vous avez publié Ouvrir une Voie, un livre qui nous alerte tout un chacun sur l’urgence climatique à laquelle nous faisons déjà face. Votre ouvrage se veut optimiste : vous avancez notamment des arguments montrant que la performance n’est pas un ennemi de la RSE.
– Car vous croyez à l’humanité, vous ne vous laissez pas gagner par le désespoir, ce “désespoir qui n’a pas d’âme” comme la disait André Breton. Vous gardez espoir concernant l’avenir de notre vie, votre livre finit par « j’ai confiance » et ce soir moi j’ai envie de vous faire confiance, vous faire confiance pour nous offrir une magnifique conférence.
– Sur ce toute l’équipe de GEM En Débat vous souhaite à toutes et tous une très bonne conférence et je laisse maintenant la parole à Flavie, Redouan et à vous, Emmanuel Faber. »