Une ode à la littérature

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Business

Une ode à la littérature

L’académie Goncourt a élu son nouveau lauréat : Mohamed Mbougar Sarr. Son 4e ouvrage La Plus Secrète Mémoire des hommes a su retenir l’attention du jury qui lui attribua ce 3 novembre le prix de littérature français le plus prestigieux.

 La symbolique est énorme, Mohamed Mbougar Sarr devient ainsi le premier Africain à remporter le saint Graal de la littérature française à seulement 31 ans.

Ce franco-sénégalais d’ethnie sérère est né à Dakar en 1990 avant d’immigrer en France en 2009, suivant ainsi la route tracée par Leopold Sedar Senghor, premier président du Sénégal et premier Africain Sub-Saharien à intégrer l’Académie française.

C’est d’ailleurs sur ce dernier qu’il fit sa thèse en intégrant l’École des hautes études en sciences sociales en 2012. Il dut cependant interrompre prématurément ses recherches pour développer sa grande passion : l’écriture.

Mohamed est continuellement influencé par ses origines sénégalaises, et plus largement africaines, pour la rédaction de ses ouvrages. Ainsi, ses 3 premiers ouvrages ont respectivement traité de djihadisme au Sahel, de migrations africaines et enfin d’homosexualité au Sénégal.

Ce troisième ouvrage courageux provoquera une polémique dans son pays d’origine où on l’accusera de faire l’apologie de l’homosexualité.

Avec La Plus Secrète Mémoire des hommes, Mbougar Sarr revient avec son style si particulier, délicat et qui exprime un véritable amour des mots sur un thème qui met face à face Afrique et Occident.

La Plus Secrète Mémoire des hommes est difficile à résumer, c’est Mbougar Sarr qui le dit lui-même dans un petit commentaire au début de son livre. On peut néanmoins en saisir la substance :

Il s’agit d’un magnifique hommage à la littérature à travers l’enquête du jeune écrivain sénégalais Diégane Latyr Faye qui tente de comprendre pourquoi un autre auteur sénégalais, T.C. Elimane, est tombé en disgrâce juste après avoir gagné un célèbre prix littéraire dans les années 30.

L’ouvrage possède une portée engagée car l’écrivain déchu est inspiré d’un véritable écrivain sénégalais, Yambo Ouologuem, accablé par la société coloniale de l’époque et mort dans l’anonymat.

L’ouvrage est donc une tentative de réhabilitation mais va plus loin, nous poussant à nous questionner sur des questions centrales de la littérature comme l’évolution psychologique des écrivains face aux blâmes. Mbougar Sarr nous fait voyager à travers les époques et les frontières pour faire briller la littérature et en faire, selon ses dires, l’élément qui réconciliera Afrique et Occident, utilisant la fiction pour nous pousser à une introspection profonde.

Ce prix fait et fera figure de consécration pour la littérature africaine et représente un beau message à l’attention de l’ensemble de la francophonie.

-Harry Sanjon