Souriez... Vous n'êtes plus payées !

Mercredi 3 Novembre 2022. 9h22… Les oiseaux chantent, le bruit des trams et des scooters rythme ce milieu de semaine. Soudain, un bruit sourd résonne aux quatre coins de l’Hexagone. À partir de ce jour-là, Mesdames, vous n’êtes plus payées !
Dans une France de plus en plus tournée vers l’avenir, prêtes à relever les défis du XXIème siècle, un fléau persiste. Bien que les inégalités salariales entre les hommes et les femmes pour un même volume de travail aient diminué d’un quart ces vingt dernières années (source INSEE), elles sont loin d’être éradiquées. Un #3NOVEMBRE9H22 a été lancé par la newsletter féministe « Les Glorieuses » pour dénoncer cela !
Quelles ont été les réactions de nos concitoyennes ? Je voulais avant tout voir comment les femmes de mon entourage ont appris cela. Pour cela, je me suis tourné vers celle qui m’a beaucoup appris en termes de féminisme et de droit des Femmes, Thaïs Bouchet, membre du Collectif Olympe (EMLyon).
Interview avec Thaïs, membre du Collectif Olympe
A : Salut Thaïs, peux-tu te présenter en quelques mots et expliquer ce qu’est le Collectif Olympe ?
T : Je m’appelle Thaïs BOUCHET. J’ai intégré l’EM Lyon en 2019 suite à deux ans de classe préparatoire au Lycée du Parc, à Lyon. Je suis membre depuis janvier 2020 du collectif Olympe, collectif de promotion de l’égalité homme/femme au sein de l’EM Lyon.
Engagée depuis toute petite en direction de la cause féministe, je me bats au quotidien contre le patriarcat et contre toutes autres formes d’inégalités qu’il fait peser et subsister sur nos vies.
A : Quelle a été ta réaction en lisant le communiqué publié par la newsletter les Glorieuses ?
T : Je suis déjà sensibilisée sur le sujet. J’ai toujours été écœurée et scandalisée par de telles différences, en particulier parce que ces dernières n’ont absolument aucun fondement : nous avons fait les mêmes études, nous avons exactement les mêmes compétences, et nous avons le même mérite, si ce n’est plus étant donné les pressions et contraintes que nous avons toutes subit.
Le problème est beaucoup plus profond et exige qu’on ne s’arrête pas au simple fait que nous sommes moins bien payées que les hommes. Les inégalités sont ancrées dès notre plus jeune âge : nous faisons par exemple face à une charge mentale plus forte que les garçons. Par exemple, à l’école, on va tolérer plus facilement un garçon qui bosse moins et qui a des « facilités » qu’une fille qui fait les choses à sa façon. Combien de fois m’a-t-on qualifié de tête à claque parce que j’intervenais en cours, non pas pour bavarder mais pour participer ? Les garçons qui faisaient la même chose étaient plus appréciés tandis que nous, nous étions mal vues…
A : Ce que tu me dis là est intéressant et beaucoup d’hommes (et parfois de femmes) ne le voit pas. Une personne qui n’est pas assez renseignée sur le sujet pourrait penser que la solution est simple : augmenter le salaire des femmes (simple mais bon… personne ne l’a encore fait donc…). Mais avec ce que tu viens de nous expliquer, notamment le fait que le problème est beaucoup plus profond qu’on ne le croit, quel serait pour toi le cheminement à suivre pour éradiquer ces inégalités ?
T : En ce qui concerne tout d’abord le monde de l’entreprise, je pense qu’il serait utile d’insister sur les contrôles et de mettre en place une lourde peine pour tout entreprise pratiquant ces méthodes barbares. Des contrôles fréquents pourraient être mis en place pour éviter de telles inégalités.
En plus de cela, il faudrait de la prévention. Nous devons apprendre aux femmes à exiger, exiger à être bien payées, à gagner autant qu’un homme, nous devons leur apprendre à demander des augmentations.
L’argent est un tabou en France, et encore plus qu’on y mêle la thématique des discriminations. Mais ça ne devrait pas l’être !
A : Merci Thaïs pour ces réponses plus que complètes !
Des inégalités dès le plus jeune âge, une charge mentale beaucoup plus forte chez les femmes que chez les hommes. Derrière ce simple calcul établi par un groupe de femmes engagées se cache une réalité plus complexe. Cet article a été l’occasion pour moi, comme pour vous je l’espère, d’apprendre. Cependant, ni Thaïs, ni moi, prétendons détenir la Vérité. Conscient qu’il y a autant de ressentis qu’il y a de femmes dans ce pays, je vous invite, Mesdames, à vous exprimer sur ce sujet. En commentaire, en rédigeant un petit paragraphe, un article … Exprimez-vous ! C’est aussi ça la tribune étudiante de GEM.
-AYOUB EL KHAOULANI