Randonner pour mieux rêver

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Randonner pour mieux rêver

Mes chers gémiens, je sais bien que vous bouillonnez tous à l’idée de débuter très bientôt votre saison de ski que vous n’avez pas pu vivre l’année dernière, voire depuis 2/3 ans pour ceux qui étaient en prépa. D’autant plus que Grenoble, c’est quand même la ville idéale en termes d’accès aux stations de ski. Vous l’avez peut-être déjà remarqué depuis nos salles de cours mais la neige a bien fait son apparition sur les plus hauts pics de Belledonne. Certains d’entre vous ont peut-être d’ailleurs déjà pris la route ce week-end pour l’ouverture de la station des 2 Alpes, et ce malgré deux mois de folie et d’enchaînement de SAT.

Mais pour d’autres, vous n’êtes pas encore prêts. Il fait encore « trop chaud », il est encore trop tôt, vos skis et vos chaussures sont encore dans les cartons (ou les magasins). Une saison de ski, ça se prépare.

Je vous écris donc pour vous parler des plus belles randonnées à faire autour de Grenoble en attendant que la saison de ski ne se mette en route, ou bien une fois qu’elle sera terminée. Marre de monter la Bastille à chaque fois qu’un pote ou de la famille viennent vous rendre visite ? Je vous propose ici d’autres idées de paysages à aller admirer, d’autres possibilités de s’échapper de la ville, du bruit, des cours de marketing, de la gueule de bois.

La montagne n’est pas seulement accessible aux sportifs. Non, elle n’est pas une propriété privée, ni un lieu privilégié, et c’est ça qui fait sa beauté. Que votre portemonnaie soit vide ou non, que vos jambes soient en pleine forme ou non, que vous soyez footballeur professionnel ou bien commercial chez Schneider, que vous soyez de Millési’mets ou d’Altigliss, elle vous attend, sentiers dessinés sous le ciel bleu.

À Grenoble, certains se disent se sentir oppressés par les trois massifs de montagne qui nous entourent (la Chartreuse, le Vercors et Belledonne) : à peine monte-t-on sur un balcon, à peine marchons-nous dans une rue, que les gigantesques falaises du Vercors ou les pics enneigés de Belledonne se dressent face à nous. Oppressant ? certes. Mais il suffit de monter un peu, en haut de la Bastille, oui, mais sinon rejoindre les sentiers de GR (Grande Randonnée) accessibles à seulement 40 minutes de la ville en voiture ou en bus, direction le Vercors, Chamrousse, ou bien les lacs et sommets de Belledonne.

Certains d’entre vous m’objecteront que beaucoup de randonnées dans ces massifs sont inaccessibles pour eux. Dans ce cas, vous pouvez commencer par faire des petits cols, d’où la vue est aussi belle que les sommets, et qui ne demandent pas forcément des jambes bétonnées ou des genoux de fer pour s’y rendre : le Col de l’Arc dans le Vercors par exemple. Certains d’entre vous ne souhaitent pas prendre la voiture ou n’en ont simplement pas, et bien vous pouvez commencer par aller au-dessus de la Bastille, il y a le Mont Jalla, puis le Mont Rachais, que vous pouvez rejoindre à pied depuis les quais de l’Isère. Enfin, la gare routière vous propose des bus quotidiens pour aller à Chamrousse, dans la Chartreuse « intérieure », dans le Vercors.

Partir randonner, aller en montagne, c’est aussi choisir la simplicité pour quelques heures : adieu les distributeurs automatiques de GEM, adieu le confort absolu, c’est juste une bataille entre vous, votre sac à dos et la montagne. Aller randonner, ce peut être aussi chercher à prendre de la hauteur, s’éloigner du monde terrestre, de nos soucis, de notre quotidien qui ne nous plaît pas. Je cite Rousseau dans la Nouvelle Héloïse : « en effet, c’est une impression générale que prouvent les hommes, quoique qu’ils ne l’observent pas tous, que sur les hautes montagnes, où l’air est pur et subtil, on se sent plus de facilité dans la respiration, plus de légèreté dans le corps, plus de sérénité dans l’esprit. Les plaisirs y sont moins ardents, les passions plus modérées. Les méditations y prennent je ne sais quel caractère grand et sublime, proportionné aux objets qui nous frappent, je ne sais quelle volupté tranquille qui n’a rien d’âcre et de sensuel. Il semble qu’en s’élevant au-dessus du séjour des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres, qu’à mesure qu’on approche des régions éthérées, l’âme contracte quelque chose de leur inaltérable pureté… Tous les désirs trop vifs s’émoussent, ils perdent toute pointe aiguë qui les rend douloureux, ils ne laissent au fond du cœur qu’une émotion douce et légère et c’est ainsi qu’un heureux climat fait servir à la félicité de l’homme les passions qui font ailleurs son tourment »

Après les couleurs grises des bâtiments de Grenoble, le vert de l’herbe ou le blanc de la neige, le bleu des lacs étonne. « C’est canon », « c’est trop stylé », « c’est trop beau », « c’est incr », l’émerveillement n’a de cesse. Nos sens sont en exergue, nous nous étonnons de tout. Nous ne sommes plus centrés sur l’humain mais sur le monde où il existe. La vue d’un lac qui scintille avec le soleil, l’ouïe du bruit d’une cascade. Alors que le jour se couche, nous voyons les silhouettes de ses dames majestueuses se dresser dans le noir. Nous y avons passé une après-midi, peut-être une journée, et nous sommes plein d’énergie pour continuer notre journée, notre année, votre vie.

Cette semaine c’est les vacances, alors tout ce que je vous souhaite, c’est d’attraper votre sac à dos, une gourde d’eau, un paquet de chips et un sandwich, et de partir vous évader quelques instants.

-Julie Ducos