La montée des prix de l’énergie : l’indépendance énergétique ou le pouvoir d’achat.

L’économie reprend progressivement son cours. La crise sanitaire semble être derrière nous. Nous ne sommes enfin plus étouffés par ce contexte anxiogène. La reprise progressive de l’économie s’accompagne généralement d’un redécollage de la consommation. Les restrictions de déplacement sont levées et une reprise du trafic aérien est à noter.
Vous l’aurez vite compris, la demande de pétrole explose. Néanmoins, nos amis de l’OPEP semblent avoir du mal à suivre. Plus sérieusement, ces pays refusent pour le moment d’agir sur la production brute de pétrole, par peur que cela impacte beaucoup trop leur prix. Nous sommes donc face à une demande exponentielle, en tout cas par rapport à l’année 2020, et à une offre assez restreinte. Malheureusement, nous sommes les premiers touchés : l’essence en particulier, constitue pour celles et ceux qui ont une voiture, un poste de dépense non négligeable.
La question est beaucoup plus complexe qu’une simple histoire de taxes, sans vouloir offenser nos pseudos-économistes chroniqueurs pour BFMTV ou CNews qui, quand une question difficile se pose à eux, préfèrent simplifier le problème et y répondre. Il est question ici de dépendance énergétique envers les pays exportateurs de pétroles. Doit-on privilégier la souveraineté énergétique au détriment du pouvoir d’achat ? Globalement, certains d’entre nous pensent que la France s’en sort bien avec le nucléaire. Oui et non. Non parce que la France reste encore très dépendante des énergies fossiles, qui représenteraient environ 60% de son mix énergétique.
Même si le taux d’indépendance énergétique, c’est-à-dire le rapport entre la production nationale d’énergies primaires (charbon, pétrole, gaz naturel, nucléaire, hydraulique, énergies renouvelables) et la consommation en énergie primaire, est en baisse depuis 2018, grâce à un effort orientés sur les énergies renouvelables, 54,6% de l’énergie consommée en France est produite dans l’Hexagone (2019). Même si ce que nous venons d’avancer laisse transparaître une pointe d’optimisme et nous pousse à accroître nos efforts sur les énergies renouvelables, la transition énergétique demeure trop lente en France et dans le monde. C’est ce qu’avance l’Agence Internationale de l’Énergie dans son rapport publié deux semaines avant le début de la COP26 à Glasgow. Un constat qui concerne également la France et qui laisse planer le doute autour de la possibilité d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Ainsi, la France n’est pas (encore) prête à se détacher des énergies fossiles, en particulier du pétrole.
Dès lors, comment rassurer le Français qui voit aujourd’hui son pouvoir d’achat diminuer ? N’importe quel Français renseigné sur le sujet préfèrera que son pays ait sa souveraineté énergétique et que les évolutions de prix ne dépendent pas (ou moins) de facteurs exogènes. Néanmoins, en pleine sortie de crise sanitaire et économique, cela peut agacer nos compatriotes de devoir payer plus. Ces derniers temps les Français réitèrent leurs interrogations quant à la capacité d’Emmanuel Macron de percevoir les problèmes du quotidien des Français. Certains d’entre eux sont même prêts à redescendre dans la rue pour militer contre la hausse des prix de l’énergie parce que cela touche certes l’essence mais aussi les factures de gaz et d’électricité. Une nouvelle sensation d’étouffement naît chez les Français les plus modestes. Que faire si ce n’est accélérer la transition énergétique ? La France est-elle condamnée, à l’instar de Sisyphe, à enchaîner crise sociale sur crise sociale ?
-Ayoub EL KHAOULANI