L’intégration : un processus pas si évident auquel nous pouvons tous participer

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L’intégration : un processus pas si évident auquel nous pouvons tous participer  

Qu’il est bon de retrouver son chez soi, de retourner aux sources, dans ce lieu réconfortant et tranquille où l’on a ses repères et ses habitudes. Les propositions régulières de co-voiturage sur Admis GEM témoignent d’ailleurs de cette envie de rentrer à la maison, de changer d’airMais comment ça se passe quand on n’a pas de chez soi, pas d’endroit sympa où aller ? Comment peut-on s’en créer un ? C’est l’un des défis premiers que rencontrent les personnes réfugiées quand elles arrivent dans un pays qu’elles ne connaissent pas.  

Aujourd’hui, on vous propose d’appréhender Grenoble à travers le regard de Sidiki et Sidibé, deux jeunes Guinéens qui cherchent à s’intégrer en France. Ces derniers ont accepté de nous raconter leur parcours pour que nous, étudiants GEMiens, essayions de comprendre ce que ça fait que de chercher à légitimer sa présence sur un territoire, ce que ça implique d’un point de vue administratif, culturel et personnel.  

Lorsqu’une personne non-européenne arrive en France, deux schémas sont possibles : soit elle est mineure et peut être directement prise en charge par l’État, soit elle est majeure et doit obtenir une protection subsidiaire (carte de séjour pluriannuelle valable 4 ans maximum) ou un statut de réfugié (carte de résident valable 10 ans) pour travailler ou étudier.  

Lorsqu’il est arrivé sur le territoire français, Sidiki n’a pas réussi à convaincre le Département qu’il était mineur. Le juge du tribunal administratif a donc demandé qu’il fasse un test osseux, dont les résultats ont finalement permis de certifier ses 17 ans et 4 mois. Dit comme ça c’est rapide, ça tient en deux lignes, or il y a eu la barrière de la langue (pas d’interprète lors des auditions), la longueur des délais et la menace de l’OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Maintenant, Sidiki a un CDD. Son employeur lui a fait une promesse d’embauche donc sa situation financière promet d’être stable. Cependant, le tribunal a refusé sa demande de renouvellement de titre de séjour. L’intégration économique n’assurant pas la régularisation, il a décidé de faire appel, soutenu par son avocat et son patron.  

L’administration française n’a ni le temps ni les moyens d’accompagner correctement les réfugiés dans leurs démarches. Pourtant, comme l’expliquent Sidiki et Sidibé, c’est primordial d’être soutenu pour mieux comprendre les procédures, pour ne pas baisser les bras, et surtout, pour sortir un peu de la solitude. Ce sont alors les associations grenobloises qui prennent le relais : l’ADATE informe les nouveaux arrivants sur leurs droits et les dispositifs existants, une bénévole loge et donne des cours de français à Sidibé, un réseau se mobilise pour que Sidiki dorme ailleurs que sur du béton… Les associations, même avec leurs ressources limitées, se démènent pour être utiles et trouver des solutions rapides. Elles répondent à l’urgence, et c’est important de le dire : « Sans les associations, ça aurait été bien pire », témoigne Sidibé.  

Si les associations permettent de sortir de la détresse en apportant des aides matérielles ou des connaissances, elles ne peuvent pas toujours faire en sorte que les nouveaux arrivants se sentent intégrés. D’ailleurs, comment se sent-on intégré ? À quel moment est-on à l’aise ? On pense spontanément au réseau, au fait d’avoir des potes ou de maîtriser la langue du pays, mais le mieux reste quand même de sonder ceux qui veulent s’intégrer, afin de comprendre ce que ça veut dire concrètement. Sidibé explique que ça passe surtout par l’assimilation des codes et des habitudes culturelles : « Une fois que tu es avec les enfants du pays, tu peux mieux connaître la culture, savoir comment ça marche ». Or l’assimilation des codes ne se fait pas sans le contact, la discussion, l’échange. Central, basique même. On le sait, mais est-ce qu’on le fait ? Est-ce qu’on a envie de le faire ? Si non, pourquoi ? C’est surtout ça en fait.  

On ne blâme personne, on ne fait pas la morale, et on ne croit pas au monde des Bisounours non plus. L’idée n’est pas forcément de faire partie du pôle d’Intégration des Réfugiés d’Impact – bien que ce soit super chouette – mais déjà de réfléchir à cette question de l’intégration et précisément au « comment (mieux) intégrer ». Pour contribuer au dynamisme du territoire, le rendre plus inclusif et donner de votre énergie pour mieux vous connaître, puis pour mieux connaître les autres, vous pouvez nous retrouver sur le terrain ! On vous invite à faire un tour aux ateliers conviviaux qu’on organise, ou à animer les cours de bureautique de la gestion de projet d’Impact Untold Stories, qui a besoin de renfort les jeudis après-midi.