Dossier 2021: La classe politique aiguise ses armes pour 2022

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Dossier 2021: La classe politique aiguise ses armes pour 2022

En s’attaquant violemment à l’islamisme radical, en relançant le débat sur l’identité française, et en autorisant le fichage extensif par la police et la gendarmerie des opinions politiques, des données de santé et des appartenances syndicales, Emmanuel Macron a assumé un net virage sécuritaire dans sa politique nationale ces derniers mois. Cependant, il serait naïf de penser cette énième volte-face comme étant uniquement poussé par le contexte de sentiment d’insécurité générale face au terrorisme. Le spectre de l’élection présidentielle de 2022 plane de plus en plus autour des décisions de l’exécutif. 

En 2021, le président aura donc à redresser son image, et à répondre à un électorat qui le tient pour responsable de nombreux échecs et de nombreuses tensions particulièrement violentes depuis le début de son mandat. Cette position très défavorable pour Emmanuel Macron devrait pouvoir permettre à l’opposition de tous bords d’attaquer facilement et violemment la politique menée par le président et de ronger l’électorat LREM.  

Néanmoins, cette opposition devra d’abord être crédible. Les détracteurs ont beau être nombreux, ils sont peu à pouvoir se prétendre d’une légitimité suffisante pour se permettre de remettre en question les choix pris par l’exécutif dans un climat de crise. Il ne va sans aucun doute que les critiques les plus violentes et radicales viendront des extrêmes. Si l’extrême gauche reste à ce jour unie sous la figure écrasante de Jean-Luc Mélenchon, et qu’aucune forme de dissidence semble se dessiner, l’autre bord de l’échiquier ne peut pas se vanter d’une telle qualité. En effet, 2021 sera probablement une année de véritable lutte de pouvoir au sein de l’extrême droite. Marine Le Pen fait face à plusieurs potentiels rivaux au sein du Rassemblement National, mais aussi de parti rival, à l’exemple de Debout la France, qui risqueraient de diviser son électorat au premier tour. La présidente du RN devra aussi lutter contre la franche la plus conservatrice des Républicains, qui s’attaque à son électorat. 

Si le sujet de la sécurité et celui du contexte de crise économique nationale devraient permettre aux Républicains de se poser comme une alternative au Rassemblement National, il est clair qu’à ce jour le parti manque cruellement de leadership et de figure forte. Ce déficit de personnalité déjà présent dans l’esprit des Français risque de poser un gros problème aux Républicains face à LREM et aux extrêmes qui eux ont à leur tête des figures connues. L’année 2021 chez les Républicains sera donc celle d’un choix d’une personnalité à mettre en avant et à poser comme une opposition légitime au pouvoir en place. Si les Républicains ont encore la solidité et les moyens de se présenter comme un parti vraiment solide en 2022, ce n’est pas le cas des partis de gauche modérés, dont l’état est déplorable. Si certaines personnalités de gauche ont déjà exprimé leur ambition pour les présidentielles telles que François Hollande ou Ségolène Royale, il est difficile d’imaginer qu’ils se posent en véritable opposition étant donné le manque de structuration de la gauche et la démultiplication des micros-partis autour de personnalités politiques.   

En 2021, il faut donc s’attendre à voir émerger de nouvelles figures fortes sur la scène politique, qui n’hésiteront pas remettre en question le bilan d’Emmanuel Macron, et qui prendront très probablement des lignes permettant de récupérer de l’électorat aux extrêmes. 

 -Louis Bornet